Ce que les dirigeants africains peuvent apprendre de Singapour

Quand on parle de développement, on regarde souvent vers l’Occident. Mais peut-être que les véritables leçons se trouvent plus à l’Est — dans une petite nation insulaire qui, en une génération, est passée de la pauvreté à la prospérité : Singapour.

Pendant ce temps, de nombreux pays africains, malgré leurs ressources naturelles abondantes, une population jeune et un riche patrimoine culturel, restent prisonniers de cycles de pauvreté, de sous-développement et de chaos politique. La vraie question n’est pas « l’Afrique peut-elle devenir comme Singapour ? », mais plutôt : « pourquoi ne l’est-elle pas déjà ? »

Cet article explore ce que les dirigeants — et les citoyens — africains peuvent tirer de l’exemple singapourien.


1. Méritocratie plutôt que népotisme

La fonction publique singapourienne est l’une des plus efficaces au monde. Ce n’est pas un hasard. Les agents publics y sont recrutés selon leurs compétences, pas en fonction de leur ethnie ou de leur nom de famille. Ils sont bien rémunérés, responsabilisés et formés de manière rigoureuse.

Dans de nombreux pays africains, les postes de pouvoir sont trop souvent attribués selon les relations personnelles. Si l’Afrique veut rivaliser à l’échelle mondiale, elle doit construire des systèmes fondés sur la compétence, et non sur le favoritisme.


2. Tolérance zéro envers la corruption

Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour, l’a clairement indiqué : la corruption ne serait pas tolérée. Des ministres ont été limogés, poursuivis, parfois emprisonnés. Personne n’était au-dessus des lois.

En Afrique, la corruption est souvent banalisée — voire attendue. Cela ne devrait pas être la norme. Le véritable leadership exige des actions fortes, pas des discours creux.


3. Vision à long terme plutôt que politique à court terme

Singapour planifie à long terme. Ses dirigeants pensent aux générations futures, pas seulement aux prochaines élections.

En Afrique, trop de décisions sont prises pour obtenir des gains rapides. On inaugure des routes, des écoles, des hôpitaux… mais souvent sans suivi ni personnel. Construire un vrai héritage exige de voir loin.


4. Investir dans les personnes

La réussite de Singapour ne repose ni sur le pétrole ni sur les ressources minières. Elle repose sur les gens. L’éducation, les compétences, et la discipline ont été les piliers de sa croissance.

L’Afrique possède l’une des populations les plus jeunes du monde. Mais sans investissement sérieux dans l’éducation de qualité et la formation professionnelle, cette jeunesse risque de devenir un fardeau plutôt qu’un atout.


5. Des villes propres et des systèmes efficaces

Singapour est célèbre pour sa propreté, son ordre et la qualité de ses services publics. À comparer avec de nombreuses capitales africaines où règnent embouteillages, déchets et systèmes informels.

L’urbanisme compte. La bonne gouvernance aussi. Si un dirigeant ne peut fournir ni eau potable ni électricité fiable en 2024, que dirige-t-il vraiment ?


Conclusion : L’Afrique n’a plus d’excuse

Singapour n’avait ni ressources naturelles, ni grande population, ni appui extérieur. Seulement une vision, de la rigueur et un leadership engagé.

L’Afrique a tout ce que Singapour n’avait pas — et pourtant elle peine encore.

L’objectif n’est pas de copier Singapour, mais d’en tirer des leçons. D’adapter ses principes. D’exiger davantage de nos dirigeants — et de nous-mêmes.

Si Singapour a pu réussir avec si peu, l’Afrique peut réussir avec bien plus.

Et peut-être qu’un jour, un enfant né à Nairobi, Bujumbura, Accra ou Kinshasa demandera : « Pourquoi n’avons-nous pas fait cela plus tôt ? »

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